
Dans « Les Irresponsables : Qui a porté Hitler au pouvoir ? », Johann Chapoutot démonte la thèse de la seule irrésistible montée du nazisme. Il révèle une histoire de stratégies politiques entre mars 1930 et janvier 1933, où les élites allemandes ont joué un rôle déterminant.
L’historien montre comment un « consortium libéral-autoritaire » – constitué de partis conservateurs, nationalistes, libéraux, d’hommes d’affaires et d’élites administratives – a progressivement perdu sa base électorale. Pensant détenir le droit de gouverner, cet « extrême centre » a cherché à se maintenir au pouvoir sans majorité démocratique.
Face à leur échec et ne voulant pas renoncer à leurs politiques, ces « irresponsables » ont délibérément choisi de faire alliance avec l’extrême droite. Ils ont vu dans le parti nazi, alors en perte de vitesse électorale, une force qu’ils pensaient pouvoir capter et manipuler pour leur propre profit. C’est cette manœuvre, motivée par les rancœurs et les intérêts de classes, qui a abouti à la nomination légale d’Hitler à la chancellerie en janvier 1933, un choix stratégique qui n’avait rien d’inéluctable.
