
La Petite fille de Monsieur Linh de Philippe Claudel est un court roman poétique et bouleversant centré sur le thème de l’exil, du deuil et de l’amitié inattendue.
Monsieur Linh, un vieil homme, fuit son pays natal, ravagé par la guerre, pour un nouveau pays froid et étranger. Il n’emporte avec lui qu’une petite valise, un peu de terre de son village et, serrée dans ses bras, sa petite-fille, Sang Diû (« Matin doux »), orpheline de ses parents morts sous les bombes.
Débarqué dans une grande ville anonyme, M. Linh se sent perdu, confronté à la barrière de la langue et à la solitude de sa condition de réfugié. Son seul réconfort est de prendre soin de Sang Diû. Chaque jour, il s’assoit sur un banc public, où il fait la rencontre de Monsieur Bark, un homme corpulent et solitaire qui vient lui aussi de perdre sa femme.
Malgré l’absence de mots communs, une amitié profonde naît entre les deux hommes. Ils communiquent par des gestes, le ton de la voix et un simple « Bonjour » échangé. Monsieur Linh raconte sa vie et sa terre à l’enfant, tandis que M. Bark lui parle de son deuil et de ses souvenirs.
Le récit bascule dans ses dernières pages avec une chute inattendue et dramatique : on découvre que la petite fille n’est en réalité qu’une poupée. La vraie Sang Diû est morte avec ses parents. Cette révélation éclaire l’état psychologique de M. Linh : l’enfant est la seule chose à laquelle il peut s’accrocher pour survivre à l’horreur de la perte. La poupée symbolise son refus de la réalité et sa nécessité de conserver un espoir, même imaginaire, pour continuer à vivre.
